jeudi 2 octobre 2014

Des questions

Comme je n'avais aucune idée de comment porter plainte, je suis allée voir le CIDFF.

Le CIDFF, Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles, propose un service d'assistance juridique pour ceux qui en ont besoin, notamment en cas de violences. J'en ai profité. C'est gratuit, il suffit de prendre rendez-vous, et s'ils demandent bien un nom ils n'imposent pas de donner votre vrai. (Ma première réaction a été "pardon madame, je pensais que c'était anonyme ?")

J'ai rencontré un juriste qui m'a demandé ce qui s'était passé, a noté des détails et a répondu à mes questions.

J'ai appris que je n'avais pas besoin, contrairement à ce que je croyais, de me rendre au commissariat le plus proche du lieu de l'agression pour porter plainte. Mais, si je le fais n'importe où ailleurs, le dossier sera de toute façon transmis au commissariat le plus proche car il sera compétent pour mener l'enquête. Donc bon, pour que ça aille vite, je vais me rendre sur place.

J'ai appris que, peu importe la suite donnée à ma plainte, à partir du moment où la police acceptera de la prendre il en restera une trace. Quand bien même il n'y aurait pas assez d'éléments pour convaincre la justice que mon agresseur m'a effectivement violée, toute sa vie, il aura son nom sur un fichier quelque part. Ce qui signifie que la prochaine fille à porter plainte n'aura pas aucune preuve, elle aura un soupçon qu'il serait quand même étrange qu'un même garçon soit victime de deux fausses accusations de viol de la part de deux femmes qui ne se connaissent pas. C'est pas lourd, mais c'est déjà ça.

J'ai appris que demander à être entendue par une femme au commissariat n'est pas exigeant, mais est considéré comme un droit normal. Quitte à répondre à des questions pointues sur ce qui s'est passé, autant le faire avec quelqu'un qui a moins de chance d'être confondu avec un violeur, je présume ? Je ne sais pas trop quoi en penser.

J'ai appris que les menaces de suicide de mon agresseur sont un point important à signaler au moment du dépôt de plainte. Je n'y avais pas pensé toute seule. Au choix, soit c'est un signe qu'il est rongé par la culpabilité, soit c'était une forme de chantage pour que je renonce à porter plainte.

J'ai appris que je vais devoir justifier de toutes les rencontres avec mon agresseur ayant suivi les faits, parce que le comportement attendu d'une victime de viol est de chercher à éviter son agresseur à tout prix.

J'ai appris que, même si je ne peux pas prouver que j'ai été violée, le fait que je peux montrer que j'ai été prise en charge par un hôpital de la même façon que l'est une victime de viol est un bon point pour moi.

Je suis sortie de ce rendez-vous plus détendue vis-à-vis de la plainte à venir. Au bilan, c'était une bonne chose à faire, et je recommande cette démarche d'aller chercher des conseils auprès d'une association d'aide aux victimes à ceux et celles qui se sentiraient perdus.

Je tâcherai de faire un compte-rendu du dépôt de plainte lui-même.

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